Soigner son personnel infirmier

La croissance démographique et le vieillissement de la population font peser d’immenses défis sur les soins infirmiers de notre pays. En 2022, plus de 11’000 postes de soignant·es étaient vacants, dont 6’200 postes d’infirmier·ères. On estime qu’il faudrait 43’200 infirmier·ères d’ici 2029 pour assurer la relève dans le secteur 1. Consciente des risques majeurs que cette situation de pénurie fait peser sur le système de santé, la Clinique de La Source s’engage activement dans la formation et le développement des compétences de son personnel infirmier.

Mieux évaluer pour renforcer la qualité et la sécurité des soins

En avril 2023, la Clinique a engagé un vaste processus pour former ses équipes de soins à l’Évaluation Clinique Infirmière. « Il s’agit de donner à nos infirmier·ères divers moyens qui vont leur permettre d’améliorer leurs observations cliniques » explique Pauline Christe, infirmière clinicienne spécialisée, responsable de l’implantation du projet.
« L’objectif est de parvenir à mieux identifier les besoins prioritaires de nos patient·es. Ceci passe par une observation minutieuse qui consiste à récolter des données subjectives auprès du.de la patient·e – à l’aide d’un questionnaire – et des données objectives soit des signes et symptômes cliniques. La formation vise à amener nos infirmier·ères à évaluer les patient·es de façon plus approfondie systématiquement et/ou à la suite d’une plainte. La formation leur donne les moyens nécessaires à une prise en charge plus précise et complète : comment inspecter, percuter, palper et ausculter les patient·es ».

Parler le même langage

Mieux observer un·e patient·e, c’est renforcer son jugement clinique et par conséquent réduire le délai d’intervention. Mais l’on constate également des bénéfices directs pour les infirmier·ères eux·elles-mêmes qui gagnent en autonomie dans leur rôle. « Sans compter les médecins qui sont demandeur·euses » ajoute Chantal Montandon, Directrice des soins infirmiers de la Clinique de La Source.
« Une évaluation clinique plus précise et structurée favorise une meilleure communication entre infirmier·ères et médecins. Cela leur permet de parler le même langage et donc de garantir à nos patient·es une prise en charge plus qualitative et plus sécurisée ».

Expertise académique

« Le fait que notre Clinique soit adossée à l’Institut et Haute École de la Santé La Source, toutes deux chapeautées par une Fondation à but non lucratif, nous place dans une situation privilégiée » poursuit Madame Montandon. « La dimension académique de notre Haute École est essentielle car elle permet à nos soignant·es de s’appuyer sur ce qui a été testé et éprouvé par les sciences infirmières. La force de cette synergie avec la Haute École s’illustre durant les quatre jours de formation en Évaluation Clinique Infirmière, dispensée par les enseignant·es de l’École, qui combine théorie et mise en pratique des connaissances acquises au sein de l’Hôpital simulé de La Source à Beaulieu.

« La formation leur donne les moyens nécessaires à une prise en charge plus précise et complète. »

Former l’ensemble du personnel soignant

La Clinique de La Source s’est donné pour objectif de former, d’ici à la fin 2024, l’ensemble de son personnel soignant, soit 130 collaborateur·trices. « Un objectif audacieux et un magnifique effort collectif » tient à souligner Pauline Christe. « Nous bénéficions du soutien total de l’institution et des équipes médicales, en particulier du Dr Alain Pytel, médecin spécialiste en anesthésiologie et du Dr Hamza Mraihi, médecin spécialiste en médecine interne générale et médecin interniste hospitalier, qui sont très impliqués dans le projet ». Dans chaque unité de soins, des facilitateur·trices ont été identifié·es comme personnes-ressources vers lesquelles les infirmier·ères peuvent se tourner pour obtenir des conseils. « Ces six facilitateur·trices, tous·tes au bénéfice d’un certificat d’études avancées (CAS) en Évaluation clinique infirmière ou en cours de formation, sont extrêmement précieux·ses dans l’accompagnement des équipes au changement » conclut Madame Christe.

Source : Office fédéral de la statistique (2020) : Les scénarios de l’évolution de la population de la Suisse et des cantons.

Faire face à la pénurie d’infirmier·ères au sein des blocs opératoires

La pénurie qui touche le secteur des soins impacte également les infirmier·ères spécialisé·es en Anesthésie (IA) ainsi que les infirmier·ères diplômé·es du domaine opératoire (IDDO). Des conditions de travail difficiles, avec des horaires irréguliers, une surcharge de travail et un manque de reconnaissance 2 rendent le métier moins désirable que par le passé. « Là encore, la Clinique de La Source veut assumer sa part de responsabilité en proposant des solutions, main dans la main avec les acteurs publics » détaille Madame Montandon. « Nous sommes depuis 2024 Centre de formation pratique EPD SA des étudiant·es infirmier·ères en Anesthésie. La formation postgrade d’infirmier·ère expert·e en soins d’anesthésie dure deux ans et elle est dispensée par le Service d’anesthésiologie du CHUV. Les étudiant·es bénéficient d’un contrat de travail à la Clinique. Hormis un stage de pédiatrie au CHUV, ils·elles effectuent leur stage au sein de la Clinique. Ces professionnel·les en formation sont encadré·es par une chargée de formation dûment formée et un médecin anesthésiste référent. Pour le domaine opératoire, la formation postgrade théorique a lieu aux Hôpitaux Universitaires de Genève et dure 2 ans. La formation pratique se fait au sein du bloc opératoire de la Clinique. Là encore, les infirmier·ères en formation sont encadré·es par une chargée de formation et un chirurgien référent »

  • 1 Quel futur pour les soins infirmiers ? Elisabeth Gordon, Planète Santé magazine N° 44 – Mars 2022
  • 2 Les soins infirmiers, un patrimoine à préserver, Pierre-Emmanuel Buss, 16 janvier 2023 sur le Blog du Réseau hospitalier neuchâtelois.